Le Forum de la Photo Numérique et de ses inconditionnels.
Vous n'êtes pas identifié.
Vous l'aurez remarqué peut-être, et c'est également vrai pour les photojournalistes.
La célèbre chaine de télé Américaine CNN a en effet décider de licencier 50 photojournalistes. Même si le communiqué est plus joliment tourné que ce que je vais dire, en gros la chaine dispose désormais gratuitement de photos en multitude qui lui arrivent depuis des iPhone et autres, ainsi que des médias sociaux, et les trouve assez bien pour en faire son édition.
Oui, en gros, ils préfèrent des photos "pourries" gratuites que de belles photos payantes
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Dans un monde saturé d'images, les choix à courte vue (info rapide, scoop...) vont vers la médiocrité qui privilégie le sujet au détriment du contexte.
J'ai remarqué récemment un phénomène plutôt inquiétant :
Mon club vient d'organiser une expo sur le thème du ferroviaire dans le hall de la gare de Gap. 60 tirages 20/30 disposés de manière à "encadrer" les gens qui allaient prendre leur billet ou composter.
Tous les adultes finissaient par s'arrêter sur une photo, revenaient en arrière puis s'arrêtaient devant une autre... (on leur demandait alors de remplir un petit bulletin qui indiquait leur choix. On a récolté ainsi une centaine de "votes")
Aucun jeune (collégiens et lycéens qui rentraient chez eux le vendredi après-midi) n'a marqué la moindre pause sur une quelconque photo de l'expo et la plupart, interrogés sur le quai, n'avaient pas remarqué ce qui était censé être soumis à leur regard.
Je dis plus haut que c'est inquiétant mais je me trompe peut-être.
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Je te rejoins Illya ..... je trouve cela aussi inquiétant ....
La cause pour moi est plus floue ....
Leur génération pourrie gâtée et surnourrie de technologie ? ..
Leur éducation perfectible ..... j'oserais dire , des parents ............... qui ne s'implique plus à leur ouvrir les yeux sur le monde qui les entoure .....
Un mélange des 2 ......
Je sais que pour le notre .... je garde des yeux d'enfant, et m'émerveille de ce que je vois, du monde qui nous entoure, et en particulier de la nature et des images ................ pour l'inciter à en faire autant ..... çà marche.
Je ne dois pas être le seul ....
Espérons donc, pour l'avenir ....
Arffffffffffffffff
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Comme Illya pour l'inquiétude illustrée par son expérience d'expo.
Bizarrement, les expositions de Visa pour l'image de Perpignan véhicule un nombre considérable de jeunes ; les 12-15 ans sont véhiculés par leurs profs et jouissent de quelques menus avantages pour bien profiter, les 15-20 ans se débrouillent tout seuls et se paient des cessions défoulement entre chaque lieu, ça agasse les vieux ronchons et ça me fait plaisir. Les 20 ans et plus, étudiants, y viennent pour travailler un sujet. Alors ?
Faut-il des lieux dédiés clairement identifiés "attention, ici faut regarder et se creuser la tronche" ?
Un lieu de vie comme une gare que je qualifie d'ordinaire sans péjoration ne serait plus qu'un passage qui ne peut pas porter une surprise donc pas de regards curieux ?
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Je vais peut-être dire une connerie : que ça dépend des thèmes abordés ?
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gnomish > Ça m'étonne absolument pas de lire ça, pauvre monde !
Illya > Là encore ça m'étonne pas! J'ai travaillé durant quelques années comme assistante d'éducation, (pas le choix pas de boulot, et il faut manger). J'ai été dans 3 établissements, dont le derniers extrêmement difficile (violence verbale et physique en vers moi...).
Et je peux te dire que la jeunesse est vraiment pas belle. Désolé de le dire, et que cela choc, mais j'ai évolué dans la "ruche", et je suis pas si vieille 30ans . Je l'ai fait entre 23 à 28 ans, donc mon regard est pas un regard de "vieux", et donc je peux vous dire que pour les intéresser à la moindre chose... bah c'est devenu mission impossible.
Sylvain, tu soulèves une bonne question, mais je suis certaine à 99% que le thème n'y ai pour rien.
Ah si, si c'est de la violence ou du sex, ils auraient jeté un œil, mais alors je vous conseille les boules quies.
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Je ne serais pas aussi catégorique concernant les jeunes et leurs intérêts.
Étant également assistant d’éducation depuis 5 ans, et n'ayant "que" 26 ans, j'ai l'impression de (déjà) passer pour un vieux con parfois aussi. Et ce, rien qu'en voyant les conneries que peuvent faire les lycéens, de plus en plus dignes du collège, et parfois de l'école primaire, leur comportement parfois cruel (mais n'est-ce pas l’apanage de la jeunesse également?), ou encore en voyant le niveau de maîtrise de la langue (flagrant de nullité sur bon nombre de copies, où vous avez intérêt à connaître le langage sms)...
Bref, vraiment l'impression de faire des réflexions de vieux con, alors que je suis loin d'être un réactionnaire, ou un gardien de la sacro-sainte soumission à l'autorité...au contraire...
Mais ce que j'ai l'impression de remarquer, c'est plutôt un "retard" des intérêts : ceux-ci apparaissent plus tard. Et je revois beaucoup d'élèves qui s'intéressent à des milieux, des pratiques, des domaines, une fois sortis du lycée. On croirait voir une époque paradoxale où le corps s'affirme de plus en plus tôt alors que l'esprit trouve sa voie de plus en plus tard (et alors qu'on leur demande de la choisir, cette voie, de plus en plus tôt).
Mais il ne suffit pas de blâmer seulement la jeunesse, en tant qu'entité indépendante. Il faut aussi avoir à l'esprit qu'on la baigne justement dans cette société saturée par l'image, par les informations immédiates, et le plaisir immédiat. On la baigne! C'est le public (la proie?) privilégié de tout un secteur de l'économie qui a émergé ces dernières décennies : publicité, mode, marketing, communication (à prononcer avec l'accent anglais, je vous prie)... et qui a bien compris que ces "jeunes pourris gâtés" comme disait l'ami Ronin plus haut (mais qui finalement ne profitent que de nos gloutonnes Trente Glorieuses) sont la nouvelle cible à viser pour récupérer une partie du magot, sous forme d'attaques sonores et colorées, omniprésentes et vives, qui ne nous laissent plus le temps de penser. Une espèce de carpe diem autoritaire rose flashy poussé à l'extrême (et on sait bien que l'extrême, ce n'est jamais bon).
Et finalement, ce n'est qu'en grandissant, en sortant de cette frange de "public" que ces "jeunes" paraissent trouver d'autres intérêts, ailleurs, moins frivoles, et plus épanouissant.
Alors peut-être que ces jeunes qui passent sans prêter le moindre regard aux photos, ou à ce qui les entoure, peut-être auront-ils des regrets d'ici quelques années, d'avoir loupé ces images (notamment celles du photographe mondialement connu Illya )...de la même manière que je me dis aujourd'hui que j'aurais du commencer à lire tous ces bouquins (qui vont m'occuper pour les prochaines années) quand j'étais au lycée plutôt que de jouer aux jeux vidéos...
Je ne sais pas, j'ai toujours eu un fond pessimiste, et une analyse pessimiste de l'homme, de la société... Mais il faut faire des liens pour nuancer nos impressions, nos conclusions... et finalement trouver des voies, des issues.
La saturation des images dans notre société, et notre rapport à elles, est un symptôme encore obscur de nos sociétés globalisées informatisées, et la crise du photojournalisme en est une des conséquences... Où cela nous mènera? Difficile de le dire... Les filières croulantes d'aujourd'hui laisseront peut-être place à de nouvelles pratiques qui se structureront avec le temps, renouvelant l'approche des métiers et des codes de l'image...
Ou peut-être pourrions-nous faire la comparaison avec les transformations historiques du commerce : la difficulté du petit commerce et des artisans à subsister, perdant les savoir-faire, les diversités et les spécialités, pour laisser place à de grands et froids supermarchés et leurs produits de moindre qualité, standardisés, produits industriellement, à la chaîne...
D'un point de vue personnel (et pessimiste donc) c'est plutôt ce qu'il me semble arriver pour la photo.
Et il est toujours surprenant de voir à quel point on s'habitue à la médiocrité.
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Sirius, tu es vraiment à part, ouf, pour un jeune vieux con
je pense aussi que l'on grandit, peut-être plus tardivement de nos jours, mais j'espère que nos nouvelles générations vont bien se réveiller, et s'ouvrir aux choses, aux belles choses, comme cette expo.
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Burfff... c'est vrai que vous êtes vieux ! 26 ans holala.... 30 ans, affreux...
Oui Sirius, ton analyse semble pertinente ; je te rejoins sur les intérêts tardifs ; pour exemple la revue 6 mois qui est rare contrairement aux messages multiples que tu évoques, qui est assez chère contrairement aux produits de masse super-dealés et qui marche à donf chez les trentenaires ; y a t'il un sociologue dans la salle
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L'est fort ce Sirius
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Bien sûr que je suis fort...c'est moi l'meilleur!!!
Isa je ne connaissais pas cette revue...par contre j'y avais lu un article sur les iphotojournalistes , peut-être via ton blog, je ne sais plus...et qui servira à voir l'ampleur du phénomène évoqué à la base par Gno.
Blague à part, c'est un sujet qui nous intéresse tous, en tant que faiseurs d'image, et qui nous questionne sur nos pratiques. Il est certain aussi que nous contribuons aussi à ces évolutions, à cette saturation, et peut-être indirectement à ce genre de comportement (peu justifiable à mon humble avis) qui met des photojournalistes de métier sur le carreau. Des gros groupes licencient des professionnels (qui se mettent parfois en danger pour leur métier) pour piocher toutes sortes d'images qui peuvent circuler de manière incontrôlée sur le net. La qualité des images s'en ressentira c'est sûr, mais au-delà, c'est la qualité de l'information elle-même qui sera remise en cause. Avec les photographes pro, on est (à peu près) sûr de la provenance de l'info, on peut la "contrôler", pas dans le sens de "manipulation" (même si...), mais dans le sens de "traçabilité" ; même s'il existe toujours une part de doute, un risque de faux, mais ce doute a existé depuis le début du photojournalisme (on repensera à Capa et la guerre d'Espagne). Alors qu'avec le net, ce doute augmente largement, les sources se brouillent, sans compter l'effet "web arabe" (version moderne du "téléphone arabe")...
Mais je suppose que ces grands groupes d'information se drapent du haillon (tant il est usé) démocratique et participatif, invoquent une plus grande pluralité des regards, diversité des sources nous dira-t-on (effectivement! Tant elles seront inatteignables, il sera permis de fabuler!)...
Bref, et nous dans tout ça? Versant nos seaux de jpeg dans le caniveau trop plein du web? On se noie? On écope? Ou on coupe le robinet et on range l'appareil au placard?
Dernière modification par Sirius (12-12-2011 10:45:20)
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et
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Intéressant vos réactions
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L'analyse est intéressante effectivement. On aurait saturé le système avec nos productions médiocres et ordinaires au point que les bons perdent leur visibilité ? Ca se tient, surtout que le coup d'oeil c'est comme le goût ou l'oreille : ça s'éduque !
A force de voir de la merde on peut se dire que finalement c'est ce qu'il faut apprécier et reproduire
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Sirius a écrit:
Bref, et nous dans tout ça? Versant nos seaux de jpeg dans le caniveau trop plein du web? On se noie? On écope? Ou on coupe le robinet et on range l'appareil au placard?
Merci, Sirius de tes analyses..
"Et nous dans tout ça ?"
Hardi, copains pixelliens, haut les coeurs les potos, il faut sauver le soldat photo...
Sauver les photos qui surnagent en clignotant au-dessus de la multitude fadasse...
Sauver celles qui disent autre chose qu'une simple capture du réel, celles qui nous parlent, qui nous arrêtent et qui déclenchent dans notre sphère intime une émotion, une adhésion sensuelle, une connivence avec l'auteur ou, carrément, une véritable bombe atomique.
Amis exigeants du forum, vous êtes les guerilleros de la photo-pépite : ne rendez pas les armes.
Hasta la victoria siempre !
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Sur la même longueur d'ondes que Sirius et Illya, Hasta si
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En avaaaaant !!!!
On pourrait presque s'appliquer les maximes environnementales (déformation professionnelle, désolé... ), c'est dans l'air du temps...
Produire moins mais produire mieux!
et
Consommer moins mais consommer mieux!
Et comme Sylvain, mettre l'accent sur l'éducation!
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Je plussoie itou, même si je n'ai pas le talent de Sirius et Illya, pour l'exprimer
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C'est la révolution, ici !
L'information présentée par gno et l'anecdote d'Ilya se rejoignent : quantité et immédiateté remplacent qualité et analyse et tout se noie.
Belles analyses, Sirius.
Je te rejoins et j'ajoute que les jeunes, saturés d'images qu'ils produisent eux-mêmes à la pelle sans vraiment les regarder s'attachent plus au sujet qu'à l'image elle-même. De plus, ils ont été bercés de la douce illusion que tout se vaut, leur parole comme celle de l'adulte, l'a priori comme la pensée réfléchie. De même, en arts plastiques, au collège, on n'apprend plus guère les règles (composition, perspective, valeurs, etc.), on valorise plutôt l'expression personnelle dans le mix media, ... pourquoi pas, mais n'est-ce pas mettre la charrue avant les boeufs ? Sans maîtrise des outils, la production tend à la médiocrité et l'oeil ne peut se former.
Pour autant, il ne faut rien lâcher, éduquer encore et encore, "hasta la victoria siempre", pour citer le Che ilya.
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Oui, c'est carrément sinistré l'apprentissage des arts plastique dans les bahuts, une mienne copine prof. m'a raconté... et puis, elle payait de sa poche du matos et des visites pour intéresser ses élèves ! Elle envisageait mal la retraite, ben finalement elle est soulagé de ne plus avoir à se battre contre des obtus hiérarchiques, quelle misère...
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